Beware... the 6 is alive.

by M.

Ce matin-là, sur la ligne 6, notre envoyée spéciale (nom de code : Voyageuse Masquée) grimpait négligemment dans une rame qui l'attendait, sur le quai de Place d'Italie. La Voyageuse, à qui il arrive de papoter (QUI a dit "euphémisme"?!) prévient gentiment le portable collé à son oreille que "ça risque de couper, chuis dans l'métro". Le signal sonore vient ponctuer ces sages paroles, comme un ronron admis par tous les voyageurs qui ne l'entendent, semble-t-il, même plus.


À cet instant précis, juste derrière elle, des cris rauques. Un grognement. Une suite de paroles incompréhensibles, prononcées d'une voix sourde, assez forte pour que chacun réalise qu'il s'agit d'injures. Regards gênés dans la 6. La Voyageuse ne s'est pas retournée. Elle croise si souvent des gens bizarres, au sein de la cinquième dimension qu'est le métro, qu'elle s'est un peu entraînée à ne plus y prêter une attention démesurée. De peur de se faire définitivement happer par ce monde parallèle, sans doute.

Mais le métro ne démarre pas. Les gens autour d'elle s'agitent, ne se cachent plus . Cette jeune fille blonde, juste devant, se contorsionne pour apercevoir l'homme qui hurle maintenant, visiblement agacée que notre agent l'empêche d'avoir pleine vue sur le spectacle.
N'y tenant plus, la Voyageuse fait volte face.

Juste derrière elle, il est là, de toute sa grande taille, debout à l'intérieur du métro si ce n'est qu'il a...
la tête prise entre les portes entrouvertes. À l'extérieur. Et qui injurie, c'est désormais clair, le chauffeur.

"Bougre de gredin ! Mille-pattes enfariné ! Sac à semoule qui sent des pieds ! Tubercule à lunettes !"

(afin de ne pas choquer les plus jeunes lecteurs, et dans le soucis de préserver vos âmes innocentes, certaines des paroles ci-dessus rapportées ont été légèrement modifiées, ndlr)

Un voyageur éberlué a alors refermé sa bouche bée, s'est approché de ce magicien à la tête volante (pour les gens du quai) ou au corps sans tête (pour les voyageurs) et l'a aidé à rouvrir les portes. Capitaine Haddock est rapidement redevenu un voyageur comme les autres (en continuant cependant à grogner un peu sur trois stations), et la vie de la 6 a repris son cours.

Mais aujourd'hui encore, une question plane...


Comment peut-on se faire manger la tête par des portes
en entrant simplement dans un métro..?


Le mystère reste entier.

Et entre deux injures, il se dit
qu'il n'avait jamais observé si longtemps une chaussure de femme.


L'automne...

by M.

... ne peut pas s'empêcher d'être partout
(ici, station Saint Jacques).

En toute discrétion, bien sûr.




Indélébile a encore frappé.

by M.

Vous connaissez Indélébile ? Il est la terreur des afficheurs. C'est lui qui, au détour d'un couloir, ou entre deux portes de métro ouvertes le temps d'un arrêt, vous saisit d'une phrase bien ajustée. Indélébile hait les affiches bien pensantes, exècre les pubs débilisantes, s'énervent contre les photos retouchées, les slogans consommateurs, les couleurs criardes, les filles aux dents trop blanches. Indélébile travaille dans l'ombre de l'anonymat, mais c'est quotidiennement que sa célébrité éclate...

Ce matin-là, c'est sur la 6 que la fibre féministe d'Indélébile s'est manifestée.
(attention, photo exclusive car cette œuvre a été aussitôt recouverte par les petits bras de la RATP, ndlr)


Les passages de l'ombre

by M.

Vous qui prenez le métro tel un robot, mécanique, qui n'entendez même plus le long hurlement de la fermeture imminente des portes, vous qui pouvez faire claquer vos semelles à toute vitesse le long de centaines de couloirs identiques en retrouvant d'instinct votre route... Oui, vous qui n'avez même plus à regarder le nom des stations pour savoir où vous vous trouvez : prenez garde.

Car les couloirs de la ligne 6 sont en réalité truffés de vortex spatio-temporels qui engloutissent les distraits.Vous voilà prévenus...

Les pieds de la 6

by M.

La musique du métro, le voyageur de la 6 sait d'où elle vient. Elle rythme ses voyages et couvre même les notes de son mp3. Elle est là, entêtante et omniprésente. Elle fait partie du décors tant que le métro vit, parce que ses musiciens, bien sûr, sont les voyageurs. Ou plutôt leurs semelles. Des bruits de pas discrets au clac-clac assuré, presque arrogant, des pressées qui se perchent sur talons, les bruits de pas ne s'arrêtent qu'une fois les portes fermées, relayés par le train en marche.



Et c'est là que, pourvu qu'on baisse le nez, on peut admirer à loisir les pieds de la 6.


Voici les Pieds de la Semaine.